Une sombre et douce fraicheur vint caresser les cheveux du petit garçon, qui marchait tranquillement sur un simple chemin, bordé par une indescriptible brume. C’était une nuit noire, une nuit d’hiver, où la paix même s’était gelée pour former une guerre sans nom, une bataille contre le pâle espoir de la chaleur, une amertume sans renom. Le petit garçon continuait son avancée, des sanglots étant parfois audibles. Soudain, il s’arrêta. Il était arrivé à ce qui semblait être le haut d’une falaise, une falaise qui dominait une ville toute entière… Des milliers de lumières parvenaient à transpercer la brume, et, au loin, on voyait jaillir de l’obscurité des centaines de milliers de petits points lumineux. Le garçon s’avança encore un petit peu, jusqu’à ce que son pied touche le bord de la falaise. Des petits cailloux tombèrent, tombèrent dans un vide indescriptible, où ils furent avalés par la pénombre. L’enfant hésita, puis, doucement, avec une certaine grâce, il s’élança dans le vide.
Il mit un petit moment avant de se rende compte qu’il tombait, avec la même force que les précédents petits cailloux, qu’il tombait dans un élan présageant la mort, une mort certaine. Ses oreilles bourdonnaient, et à présent, le néant l’avait bu tout entier. Il distinguait des nuées blanchâtres, certainement les lumières de la vile. Il tombait, doucement, comme une petite pierre. Il savait que le sol n’était pas loin. Déjà, des petites portions de sa vie commençaient à défiler devant ses yeux, et il savait que la Mort l’attendait, en bas, ses grand bras ténébreux ouverts pour l’accueillir.
Mais au lieu de rejoindre le sol, d’en finir avec cette vie, de mettre un terme à toute cette comédie, des gigantesques ailes, d’une effroyable beauté, jaillirent du dos de l’enfant, battant l’air avec la beauté d’un papillon, freinant sa chute avec une force puissante. Ses pieds touchèrent alors le sol avec douceur, et ses ailes se replièrent, pour disparaître, comme happées par son dos. L’enfant mit un laps de temps avant de comprendre qu’il n’était pas mort. Il passa ses mains dans son dos, et remarqua que son tee-shirt était percé, deux fentes larges ayant été tracées. Sa peau, à travers la fente, était lisse et pâle…
… aucune trace d’ailes. Aucune trace d’ailes d’Ange….
Angel se releva brusquement. Haletant, il suait, et il avait une horrible soif. Il attrapa la carafe d’eau qui était sur son chevet, but à longues gorgées lm’eau qu’elle contenait, et versa le reste sur sa tête. Il était à présent parfaitement réveillé. Il avait le temps de réfléchir… Voilà trop longtemps qu’il faisait ce rêve. Les souvenirs de son enfance bousculée étaient encore trop présents.
Il voulut penser à autre chose, et il sortit de son lit pour s’habiller. Il était assez tard, et une envie de sortir le démangeait. Il descendit alors les escaliers pour arriver dans sa salle commune, et, pendant les dix minutes qui suivirent, il réussit péniblement à sortir du château discrètement, en descendant les marches, sa baguette à la main.
La fraîcheur de la nuit vint le réveiller. Il ne savait exactement où il devait aller, son corps le guidait. Il marchait, les yeux presque fermés, frissonnant. Ce fut un long trajet, un silence pesant l’enivrant, jusqu’à ce qu’il arrive devant le dernier endroit qu’il aurait pensé visiter à une heure pareille.
Un gigantesque portail, ouvert, l’invitait à entrer dans ce qui semblait être le plus horrible des cimetières qu’il n’ait jamais vu. Une brume indescriptible, comme celle qui hantait son souvenir, son rêve, dominait le cimetière, et une odeur impressionnante, mélange d’humus et de ce qui semblait être une odeur de décomposition le firent tressaillir. Il entra dans le cimetière, et passa devant des dizaines de tombes, qu’il observait avec curiosité.
Il semblait se promener seul dans un cimetière des plus épouvantables… Seul ? Pas vraiment…