I'm gonna make it now or never [ Free ]

X Dormir ? Hum, pas vraiment. Strify s'était attardé dans ses devoirs et se devait de reprendre un peu d'avance... de finir tout au moins le devoir qu'il devait rendre le lendemain à son cher et bien-aimé professeur de Potions. Il n'était pourtant pas dans les habitudes de l'androgyne de s'attarder autant, mais il fallait dire qu'il y avait du relâchement dans le comportement de ce dernier depuis quelques temps. Cela faisait cinq longues années que Jack Strify, alias Strify, travaillait comme un forçat, était au " taquet " comme le disent certaines personnes, et obtenait de la sorte des résultats bien plus que satisfaisants, mais il commençait à se lasser de ce comportement irréprochable et de ce travail acharné, plus du travail que du comportement en toute honnêteté... Qu'y a-t-il de passionnant dans le fait de passer toute sa journée en cours à être le plus sérieux possible, attentif tout au moins et de massacrer ses soirées à réviser ou prendre de l'avance dans telle ou telle rédaction ? Où est le plaisir de se retrouver entre amis pour parler de la journée ou du nombre de buts qu'ont marqué les Canons de Chudley lors de leur dernier match ? N'allez pas croire que Strify était constamment penché sur un rouleau de parchemin, mais le jeune homme n'en accordait pas moins beaucoup de temps à ses études, ne voulant pas s'attarder dans le système scolaire et passer avec succès toutes les étapes.

Le jeune homme acheva sa phrase, reposa sa plume d'aigle dans son encrier et s'étira de tout son long sur la chaise qui lui servait depuis plus de deux heures maintenant. Il ne voulait pas regarder la pendule car il savait qu'il devait être tard et ne désirait pas commencer à décompter les minutes qui lui seraient retirées de son temps de sommeil quotidien. Il se trouvait presque fou de veiller aussi tard alors que tout le monde s'était déjà retrouvé dans le royaume de Morphée depuis bien longtemps maintenant, mais il fallait bien admettre que son devoir n'allait certainement pas se faire à la suite d'un simple claquement de doigts... si seulement ce pouvait être possible ! La salle commune était des plus calmes et le seul bruit qui brisait le silence était le crépitement des flammes du feu magique qui dansaient dans l'âtre de la cheminée et illuminaient de leurs reflets soleil cette âtre propre dont les elfes de maison prenaient grand soin chaque jour. Strify ne les voyait jamais, comme tous les autres élèves de cette école, mais tous savaient pertinemment que c'était à eux qu'ils devaient ce petit confort dans lequel ils étudiaient. Les yeux bleu-gris du jeune homme se perdirent un bref instant dans cette âtre, hypnotisés par cette danse chaleureuse, puis se posèrent sur ses affaires de cours qu'il avait éparpillées un peu partout sur la grande table ronde à laquelle il s'était installé. Lentement mais surement, l'androgyne entreprit de ranger tout ce petit foutoir puis prit la direction du dortoir des garçons.

Bien que dormir soit l'une des activités favorites de Strify, ce dernier n'était pas encore prisonnier de cette fatigue qui survient lorsque vous passez trop de temps à lire ou écrire et éprouva la soudaine envie d'aller faire un petit tour dans le parc de Poudlard voire, pourquoi pas, près du lac. Mieux, il avait envie de... chanter ! Il ne pouvait pas vraiment pousser la chansonnette dans le dortoir des garçons au risque de se prendre une bonne dizaine de polochons dans la tête et devait donc se mettre en quête d'un petit endroit tranquille où il pourrait faire mu-muse avec ses cordes vocales sans risquer d'ennuyer qui que ce soit. Un bref coup d'œil par la fenêtre lui permit de se décider à enfiler sa robe de sorcier et, une fois ceci fait, il prit la même direction que précédemment mais en sens inverse. Tandis qu'il faisait pivoter le portrait de la Grosse Dame pour se retrouver dans les couloirs, cette dernière ne sembla pas très encline à le laisser partir avant que ce dernier ne lui ait présenté ses plus plates excuses. C'est pourquoi elle s'exclama d'une voix stridente :

« En voilà des manières ! Est-ce une heure pour sortir ?! N'avez-vous pas honte de réveiller une diva ? Pour qui vous prenez-vous pour braver ainsi les règles de Poudlard ? »

* Une diva ??? Laissez-moi rire, depuis quand une reine de la casserole est une reine de la chanson ?! Pa-thé-ti-que ! *

Le jeune n'avait pas vraiment de temps à perdre avec cette personnification de la fausseté vocale et n'était pas du genre patient, c'est pourquoi il prit un faux air désolé emprunt de politesse avant de s'adresser au portrait de la Grosse Dame.

« Veuillez m'excuser, je ne voulais absolument pas gêner une personne de votre qualité, vous êtes tellement admirable que vous importuner serait le dernier de mes désirs. » lui dit-il avec ce faux air d'admiration dont lui seul avait le secret.

« Oh... vraiment ? Et bien, peut-être que je me suis emportée après tout, je devrais revoir mon jugement à votre égard, vous êtes une personne tout à fait charmante. Allez donc, je garderai cette escapade secrète mais veillez à ne pas revenir tard ! » lui répondit-elle visiblement émue.

Afin de parfaire cette petite comédie dont il était le personnage principal, Strify fit une petite révérence au portrait avant de tourner les talons et de prendre le chemin le plus court pour se rendre au parc. Les couloirs étaient sombres et déserts à cette heure et l'androgyne dut allumer le bout de sa baguette magique pour éviter de se casser la figure dans les escaliers qui le menaient du septième étage, où se trouvait sa salle commune, au rez-de-chaussée. Il priait silencieusement pour ne pas croiser cette horrible Miss Teigne, mais cette dernière semblait couchée depuis bien longtemps. Le Gryffondor allait à l'avant de sérieux ennuis et ne tenait absolument pas à se faire interpeller par quelque autorité que ce soit. Il ne tarda pas à franchir les lourdes portes d'entrée du château qu'il dut déverrouiller et à se retrouver dans la fraicheur nocturne du parc de Poudlard. Ce dernier semblait exempt de toute forme de vie, pour le plus grand plaisir de l'androgyne qui se mit à chantonner tout en s'approchant de l'une des rives du lac.

« I'm gonna live forever, say I'm gonna live forever... »

Alors qu'il prenait place sous l'un des nombreux arbres qui entouraient ce lac millénaire, une silhouette se détacha du fond sombre de la nuit et semblait avancer vers lui.