Secret gardé [pv Aaron]

L'eau chaude coulait depuis un certain temps sur les cheveux mi-long d'ébène du sorcier. Harry était tendu; sa première mission en tant qu'Auror était venue. Le Survivant avait sauté beaucoup d'étapes avouons-le pour se retrouver avec ce statut à 18 ans. Mais bon c'était comme ça et Harry n'avait d'autre choix que de se sentir prêt aujourd'hui. Ce n'était pas une mission dangereuse, il s'agissait simplement de petites frappes que l'on aurait vu fricoter avec mangemorts drogue et autres joyeusités contre des infos sur on ne sait quoi...Ce que Harry et Aaron étaient sensés découvrir. L'ex-Gryffondor soupira puis attrapa sa serviette pour la passer autour de sa taille. Il se vêtit ensuite comme on le lui avait demandé... Des vêtements sombres. En se regardant dans la glace le jeune sorcier frémit. La toge noire (façon Anakin) lui donnait un air étrange et mystérieux; l'effet étant augmenté par ses cheveux d'un noir profond encadrant son visage et faisant ressortir ses prunelles d'émeraude pure. Au comble de l'exaspération en ce qui concernait sa cicatrice l'Auror abandonna l'idée de la camoufler, au bout de quelques mouvements de tête les mèches lisses sensées la recouvrir se carapataient.

Prenant soin de vérifier l'état de sa baguette magique le Survivant essaya d'oublier le léger tremblement de ses mains et s'avança vers le chemin de traverse. Certaines personnes se retournèrent à son passage mais sans plus, car sans la capuche posée sur sa tête Harry paraissait sombre certes, mais de là à être suspect...Non. Ses 18 ans lui conféraient un visage trop jeune pour avoir l'air dangereux et ses traits fins-héritage maternel- trop doux pour être vu comme un mangemort ou autre. D'ailleurs ceux qui avaient le temps d'apercevoir sa cicatrice pouvaient être sûr de son appartenant à la lumière. En effet après avoir vu la mort de ses parents puis de Cédric, après avoir mené une lutte acharnée contre Lord Voldemort Harry serait bien le dernier à tomber du côtés du mage noir et de ses sbires.

L'ex-Gryffondor arriva le premier sur le lieu du rendez-vous, prêt d'un magasin de balais. Il posa ses yeux verts sur la vitrine en attendant son compagnon. Plus âgé et sûrement plus expérimenté ce dernier pourrait lui apprendre beaucoup de choses, Harry en était intimement convaincu. Son regard dériva sur le manche de l'Eclair de Feu, demeuré le meilleur balai malgré les années qui passaient; peut-être représentait-il la limite ? Celle qui s'approchait le plus de la perfection. Le Survivant lui, avait déjà plusieurs fois outrepassées les siennes sans le vouloir mais se savait moins performant qu'un "Eclair de feu". C'est à dire qu'il était très très loin derrière les meilleurs, ceci il devait l'admettre humblement. Même en apprenant Harry ne pensait pas atteindre le niveau de Dumbledore, cette idée ne l'avait , par ailleurs jamais effleurée. Le jeune sorcier s'était engagé comme Auror pour apprendre; et il apprenait pour offrir ce qu'il pouvait avec ses moyens sans chercher à gagner plus de puissance. S'efforcer d'aller jusqu'à ses limites c'était bien, les dépasser volontairement pour acquérir du pouvoir était trop dangereux...Tout ça pour dire que le Survivant espérait bien pouvoir commencer cette mission pour évoluer et aider l'Ordre du Phénix ainsi que les Aurors allant de pairs de son mieux.

Enfin une silhouette se détacha au loin, Derrière ses lunettes rondes le regard du garçon brilla un peu plus. Il plissa les yeux pour mieux apercevoir la personne...Etait-ce celle qu'on lui avait décrite ? De toutes façons le jeune sorcier le saurait lorsque ce dernier lui aurait donné le code. Vérifiant qu'il se souvenait du sien le Survivant laissa l'autre venir à lui

Très sincèrement, Aaron n'y avait pas cru au départ et avait encore beaucoup de mal à l'assimiler aujourd'hui. Kinglsey Schakebolt l'avait pris à part la veille, en fin d'après midi, au bureau des Aurors. Il se savait désormais beaucoup plus proche de l'Auror ultra-performant au vu de la place qu'ils occupaient tous deux au sein de l'Ordre du Phénix, mais il n'avait jamais cru qu'il viendrait, comme ça, en plein Ministère, lui parler d'une certaine mission qu'on lui confiait d'office. Après tout, il régnait un temps un peu sombre pour parler de missions confidentielles chez les Aurors...

- " Millers, viens là..." lui avait-il dit en guise de salutations. "Harry Potter bosse ici, maintenant, et..."

- " Sans déc'..."

- " ... et on va lui donner une petite mission de routine, simplement pour voir s'il a les épaules donc..."

- " Harry Potter? Ne pas avoir les épaules...?"

- " ... ça va pas être quelque chose de bien méchant. Filer Barjow, tu comprends?"

- " Nan-nan, j'suis trop con..."

- " Et l'Ordre a pensé qu'au vu de ta... nouveauté dans l'organisation, tu l'accompagnerais. C'est aussi un test pour toi, on fait d'une pierre, deux coups."

- " ... "

- " Ah, tu ne sais plus quoi dire, maintenant, hein?"

Hé bien non. Il ne savait plus quoi dire.

Kinglsey lui avait expliqué toute la "mission", si vraiment on pouvait appeler cette perte de temps ainsi, et lui avait glissé le code qu'il lui faudrait répéter au jeune Potter pour lui prouver qui il était. Grandiose. Aaron n'avait rien à dire et il en salivait par avance.

Lui aussi vêtu d'une longue cape dont la capuche était rabattue sur le visage, Aaron parcourait le Chemin de Traverse d'un pas lourd, sans regarder personne. D'ailleurs, en retour, les gens l'ignoraient superbement et sa haute démarche ne se détachait pas des murs des échoppes qu'il semblait raser. L'attention n'avait jamais été quelque chose qu'il réclamait, au contraire.

Par instant, sous la capuche qui ne laissait voir de son visage que de l'ombre et un bout de menton barbu, s'échappait une petite torsade de fumée grise et parfois des toussotements. Aaron n'avait jamais fumé, et en réalité, il ne supportait pas les cigarettes et leurs odeurs, mais aujourd'hui, il avait simplement eu envie d'en "griller une"...

Finalement, à force de marcher, Aaron aperçut finalement la silhouette qui l'intéressait devant le marchand de balais. De loin, il le scruta de son regard morne avant de soupirer pour lui-même.

Harry Potter, le Sacré, le Survivant, l'Elu parmis les élus et le Sauveur de cette Terre... Aaron s'était souvent interrogé sur l'opinion qu'il pouvait porter sur le petit pote Potter sans vraiment s'arrêter à quelque chose de stable. Parfois, il se rappelait de tous les malheurs que ce pauvre garçon avait enduré, du courage dont sans cesse il faisait montre malgré les épreuves et les pertes, et du dégoût qu'il avait ressenti face à Ombrage et à la Gazette des Sorciers, à l'époque de la grande dictature. Mais, le plus souvent, il associait Potter à l'idée du gamin éternel sur les épaules de qui tout était tombé trop tôt et qui ne parviendrait jamais à faire face, sa cicatrice de héros enflant peut-être trop sa tête d'enfant précoce. Et puis Aaron n'avait jamais pu supporter les binoclards...

Après une dernière bouffée piquante, Aaron jeta sa cigarette sur le trottoir sans plus de considération et s'avança vers Harry sans abaisser sa capuche. Le jeune homme l'avait lui aussi remarquer, aussi, quand il fut à deux ou trois mètres, Aaron décida qu'il ne valait mieux plus traîner. Il recracha sèchement sa fumée, sur le côté, et lança de sa voix rauque, profondément grave:

- " Dumbledore."

Charmant code, en effet... Le seul lien qui pouvait réunir en cette matinée brumeuse un homme bientôt quarantenaire dont les principales activités gravitaient autour de l'alcool et un jeune homme destiné à terrasser le plus grand mage noir de tous les temps.

Aaron fit lentement tomber sa capuche, chassant d'un geste de la main l'odeur de tabac froid qui l'accompagnait. Ses cheveux, aussi noirs que ceux de Harry si l'on retirait la partie grisonnante aux tempes, étaient un peu ébouriffés, tout comme sa barbe charbonneuse. Ses yeux plissés, d'un vert aussi pâle et mort que ceux du Survivant étaient vifs et électriques, ne se posèrent même pas sur la cicatrice que l'on pouvait deviner, sous la cape. Aaron n'avait que faire de cette marque douteuse qui semblait attirer tellement d'admiration.

Il était en retard, mais il ne s'excusa pas. Ils avaient une mission à remplir et plus vite Harry répondrait au code (inutile, évidemment), plus vite il pourrait rentrer chez lui.

- " Dumbledore."

C'était bien lui. La cigarette aux lèvres et l'air un peu ennuyé. C'était sans doute quelqu'un d'expérimenté et se retrouver avec un novice sur le dos ne devait pas lui plaire. Enfin c'est ce que pensait Harry nullement Legilimens et n'ayant donc pas le "plaisir" de lire les pensées de l'homme. Les yeux verts pâles de Aaron le regardaient tranquillement, le détaillant lentement comme pour graver son visage dans sa tête. Curieux et consciencieux à la fois le Survivant fit de même. Ses cheveux noirs comme la nuit grisonnaient légèrement et quelques rides courant son visage dur et carré lui conféraient un certain charrisme. L'auror posa son regard sur les lunettes de Harry sans que ce dernier ne sache vraiment pourquoi mais il fut bien heureux que Aaron ne fixe pas son front de cette façon. L'ex-Gryffondor trouva la carrure de l'homme assez solide mais c'était difficile à dire sous la cape. Hochant la tête avec douceur à l'évocation du mot de passe, les yeux luisant d'une légère fièvre le sorcier répondit d'une voix basse

-Vif d'or

Près d'un magasin de balais ce n'était pas très recherché mais bon ce n'était pas lui qui avait eu l'idée du code n'est-ce pas ? Mondigus en se creusant la tête tout en regardant Harry avait proposé "Eclair". Il avait été dans son intérêt de changer bien vite avant de se retrouver avec une cicatrice sur le front. Non mais franchement de quoi le Survivant aurait eu l'air hein ? Des fois on se demandait ce que cet être là pu recommandable fichait dans l'Ordre. Non pas que Harry veuille être méprisant envers lui mais quand même, la connerie à des limites, déjà qu'il passait son temps à magouiller au lieu de faire ses missions alors. Après un long moment d'observation réciproque il fallait bien songer à se mettre en route. Harry esquissa un pas en direction de l'allée des embrumes sans s'y engager toutefois; invitant silencieusement Aaron à faire de même. Le Survivant sortit sa baguette magique mais restait discret.

Ce qui manquait à Harry, ce n'était pas spécialement l'expérience; car de toute façon personne n'en aurait jamais assez pour ne pas se faire tuer. Mais c'était la discipline surtout qui faisait défaut au jeune Auror. Depuis toujours habitué à magouiller avec ses amis le sorcier avait apprit sur le tas, en vrac, avec les moyens du bord. Mais les Aurors et l'Ordre du Phénix avaient des façons bien à eux de fonctionner, sinon se serait impossible de s'en sortir. D'autre part le Survivant manquait également de discernement. Il n'arrivait pas à se détacher et être objectif. Ardent, fougueux l'ex-Gryffondor avait un trait de caractère étant à la fois un défaut et une qualité forgé par ces années d'épreuves: la volonté...Mais celle-ci était décuplée à un point tel que cela pouvait être dangereux: Harry n'abandonnait jamais. Même si cette dernière année le Survivant avait peu réagit il était toujours là. Une fois lancé le jeune sorcier continuait, jusqu'à tomber à genoux et ne plus pouvoir se redresser. C'était la rage qui le faisait tenir ainsi. Pas la haine non, le sorcier était trop "doux" pour ce sentiment, mais une rage pouvant l'entraîner au-delà des limites à ne pas dépasser et qui le tuerait finalement un jour

Paradoxalement le garçon n'adhérait pas à "la fin justifie les moyens" et c'était là encore un problème de détachement. En effet, même en danger le jeune sorcier semblait incapable de jeter un sort impardonnable, encore moins Avada Kedavra. Un jour viendrait ou ses Stupefix et Experlliamus ne suffiraient plus...Mais Harry le comprendrait-il? Bref, tout ça pour dire que l'ex-Gryffondor avait beaucoup de choses à apprendre encore. Il balaya une mèches noire venue se glisser sur son front et chatouillant son sourcil avant de se tourner vers Aaron

-Direction l'allée des Emrbumes ?

Il regarda sa montre fine en argent. Effectivement, à l'heure pile Barjow fit son apparition au coin de la rue. Harry ne put contenir une mimique de dégoût. Lui qui n'aimait pas l'hypocrisie était servit avec cet homme aux manières onctueuses et douceureuses. Il avait l'air de bien vivre ces derniers temps car il ne prenait pas particulièrement soin de vérifier s'il était suivi. Et son "client" du moment devait bien le payer car Barjow semblait encore avoir grossi. Les yeux d'émeraude du Survivant se plissèrent tandis qu'un vent frais faillit chasser la capuche qu'il avait posé sur sa tête... Il attendit le signal qui serait inévitablement donné par son "mentor"

Un peu déconcerté par le calme apparent de Harry, Aaron laissa en suspens son examen visuel lorsqu'il lui donna à son tour le Sézame à leur mission. Il détourna le regard sur une moue piquée, étouffant un soupir. Ce genre de rendez vous avait quelque chose de ridicule, cette façon de s'échanger des mots de passe alors que, youhou! Tout le monde savait qu'une cicatrice en forme d'éclair et que, double-youhou! S'il n'avait pas été l'Auror chargé de l'aider, Harry serait déjà soit mort, soit abandonné devant son magasin de balais.

Aaron, cependant, ne prononça plus un mot et laissa le regard du Survivant errer sur son propre visage. Le jeune homme avait au moins l'air au courant de l'heure, puisqu'il se dirigea assez rapidement du côté de la ruelle qui les intéressait, d'un toutefois assez calme pour ne pas paraître suspect.

Côte à côte, les deux hommes marchèrent donc dans un silence froid vers l'Allée des Embrumes, leurs pensées personnelles farouchement gardées dans leurs deux esprits en ébullition. Aaron ne pouvait s'empêcher de se sentir assez agacé par la façon qu'on avait de le coller chaque fois avec un débutant, tout Survivant qu'il puisse être. Cette mission était d'une simplicité déconcertante pour lui, mais même à bien y réfléchir, Aaron doutait de Harry qu'il soit capable de la mener sans lui. Il fallait soutirer un maximum d'informations à cette pourriture de Barjow sans trop le caresser dans le sens du poil ni s'énerver contre lui, ce qui serait un vrai miracle. Peut-être même Aaron devrait-il payer un pot-de-vin au mage noir, et au vu de ce qu'il savait du caractère de Harry d'après les journaux et autres rumeurs, il n'était pas certain que cette solution lui plairait. Mais après tout, qui était le supérieur, ici?

La silhouette huileuse de Barjow se détacha du côté de l'Allée des Embrumes et Aaron risqua un regard dans la direction de Harry. Il était drôle de considérer que beaucoup de personne auraient été honorées de participer à cette mission avec l'Elu, et que lui-même n'avait pas desserré les mâchoires lors de leur courte marche ensemble sur le Chemin de Traverse. Qu'aurait-il eu à lui dire? A part lui conseiller de mettre des lentilles plutôt que des lunettes cul-de-bouteille et d'arrêter là la pousse des cheveux, il ne voyait pas.

Son regard se fit plus perçant alors qu'il s'arrêtait à l'orée même de la ruelle malfamée. Il se demanda un instant si Harry y avait déjà pénétré et savait à quoi s'attendre, car une fois plongés dedans, Aaron ne pourrait rien lui expliquer et surtout pas lui poser des limites sans attirer l'attention. Tant pis, Barjow attendait et s'ils ne se pressaient pas un peu, ils se feraient remarquer.

- " Laisse moi parler en premier, et si tu remarques quelque chose de louche, prends le relai..." marmonna Aaron en s'engageant en premier dans la ruelle sombre et humide, irrité de devoir expliquer le B.A. BA à un garçon qui n'en avait certainement pas besoin.

Il releva sa capuche sur sa tête dans un geste convulsif.

Le crâne luisant de Barjow se découpait très clairement dans la pénombre de l'Allée des Embrumes, et l'homme devenu grassouillet leur accorda à tous deux un sourire sinistre qu'Aaron ne releva pas. Il se plaça d'office devant lui, très près, comme en position de force, et la proximité de sa carrure massive obligea le mage noir à s'achopper au mur d'un établissement délabré. Barjow jeta un coup d'oeil interdit à Harry, mais Aaron claqua brusquement des doigts devant son visage et monopolisa son attention.

- " Barjow, t'as des trucs à nous dire, paraît-il..." grogna Aaron en fronçant les sourcils. "Dépêche toi."

Le petit homme replet hocha rapidement la tête, avant de se tourner vers Harry, comme s'il ne pouvait vraiment pas résister, dévorant du regard le visage à la si célèbre cicatrice. Lorsqu'il prit la parole, il s'adressait à Aaron bien que ses yeux furent résolument fixé sur la marque faite par le Seigneur des Ténèbres.

- " Oui, c'est vrai, mais vous comprenez tous les risques que je prends pour collaborer avec des individus comme vous... ici... on me connait, en plus... Mon lieu de travail n'est pas loin... beaucoup de risques... une petite retraite bien méritée, au chaud... jamais déçu par mes informations..."

- " Combien?!" coupa brusquement Aaron, déjà fatigué par les jérémiades de Barjow.

Il fouilla sous sa cape et en sortit une bourse marron dont il desserra les ficelles, faisant tinter les Gallions à l'intérieur. Le mage noir eut un air très intéressé mais Aaron ne le regardait plus. Il observait Harry avec intérêt, comme s'il s'attendait à ce que le jeune homme saute inévitablement sur Barjow pour l'égorger. Désireux de tester ce qu'il convenait d'appeler discipline, ou bien rigueur, Aaron s'amusa à lui demander, secouant légèrement sa bourse:

- " A ton avis, combien valent les informations de Monsieur-je-trouve-pas-important-de-me-laver-régulièrement?"

Certes, la provocation était un peu puérile mais il avait vraiment envie de tester ses réactions. Pour Aaron, payer une petite crapule dans le genre de Barjow pour qu'il lui révèle des choses sur le compte d'un mage noir était tout à fait normal, voire fréquent. C'était son travail, et les Aurors avaient besoin d'informateurs tels que lui - vivants - aussi répugnants et déloyaux qu'ils fussent. Alors les payer, ça paraissait presque raisonné... Mais il restait à savoir si Harry partageait cet avis... Harry qui, même si Aaron ne le savait pas, n'appréciait pas le proverbial dicton "la faim justifie les moyens" qui lui plaisait tellement.

- " Laisse moi parler en premier, et si tu remarques quelque chose de louche, prends le relai..."

Harry hocha la tête, tout à fait en accord. Heureusement Barjow, à défaut de fixer sa cicatrice n'avait apparemment pas l'attention de le donner, pourtant Voldemort serait prêt à payer cher pour savoir où était son pire ennemi après Dumbledore...Mais l'ancien directeur étant mort c'était les Aurors et Harry qui avaient sûrement eu l'honneur de passer en tête de liste. Ce qui arrangeait certainement les choses c'était le mépris du Lord. Il était sans doute trop arrogant pour voir Barjow comme étant utile, quoique quand on pensait à Quedver... Le Survivant agacé passa une main dans ses cheveux pour soustraire sa cicatrice aux regards avides de l'homme. Son visage tentait de rester neutre mais comme tout néophyte, il ne pouvait empêcher quelque chose de trahir ses émotions vives. Ce fut son regard si expressif qui s'en chargea, étincelant littéralement lorsque Barjow s'approcha de lui. Aaron traitait la chose de façon surprenante...En payant. Mais ainsi, ne cautionnait-il pas une pratique lâche qui inviterait Barjow à augmenter les prix sans cesse ? Le Survivant eut une mimique de dégoût. Aaron très bon auror se rabaissait au rang de quémandeur face à ce petit homme frétillant à l'idée d'argent et gras comme un Dudley pendant les fêtes de Noël.

- " A ton avis, combien valent les informations de Monsieur-je-trouve-pas-important-de-me-laver-régulièrement?"

Le Survivant haussa un sourcil, on l'avait prévenu quand à l'étrangeté du personnage d'Aaron mais le constater de soi-même était toujours surprenant; même quand on s'y attendait plus ou moins. Avide le petit homme les fixait tour à tour, délaissant la marque sur le front de Harry puisque ce dernier l'avait finalement bien dissimulé...Yeah vive les cheveux longs ! Le jeune sorcier ne savait pas trop que dire car Aaron était le spécialiste et Harry devait rester modeste...Mais dans le même temps ses principes le poussaient à sortir de ses gonds. Qu'est-ce qui leur garantissaient que Barjow n'allait courir les donner ensuite ou leur donner de fausses informations ? L'ex-Gryffondor n'avait aucune confiance en l'homme et ne voulait rien lui devoir...Il aimerait bien que les choses soient claires et que les rôles s'inversent, c'est à dire qu'Aaron est le dessus sur le petit homme gras qui semblait mécontent de la pique de l'Auror.

-Rien du tout

Répliqua froidement le jeune sorcier, mais le ton était plutôt réservé pour Barjow. Malgré son envie de ne rien faire rater Harry ne pouvait s'empêcher de détester ces pratiques alors que Aaron pouvait sûrement agir autrement. Le Survivant devait cependant se modérer même si c'était difficile de demander ça à la fougue de sa jeunesse...Il reprit alors d'un ton que l'on pourrait qualifier de plus normal...Plus neutre

-Rien du tout sans preuves en tout cas. Sachant qu'on pourrait facilement le faire tomber pour quelques années à Azkaban si on faisait l'inventaire de toutes les charmantes choses demeurant dans son "lieu de travail"...

Non mais c'était vrai quoi...Non...Bon bah tant pis ! Il faisait du mieux qu'il pouvait après tout hein...Soudain un flash le figea sur place, aveuglant ses prunelles d'émeraude. Harry qui savait exactement ce qui se passerait ensuite-question d'habitude- sentit effectivement des picotements dans sa cicatrice, prévenant de la douleur lancinante qui suivrait...Le jeune sorcier du faire bien des efforts pour ne pas apposer sa main sur son front soudainement brûlant. C'était supportable pour l'instant mais le Survivant redoutait le moment ou la douleur allait monter...Il détourna légèrement son regard en mordant sa lèvre inférieure pour ne rien dire...

*Bordel, pas ça, pas maintenant....*

Calmement, en silence, Aaron observait Harry et toutes les réactions qu'il pouvait avoir. Sa légère frustration le fit sourire, principalement parce qu'il en était la cause, et il se prit à penser qu'il était bien jeune, bien innocent... Encore un idéaliste façonné par l'utopiste dégénéré qu'avait su être Albus Dumbledore. Tant pis. Harry Potter apprendrait sur le tas, en pleine guerre, que la mièvrerie n'existait pas, encore moins un monde où les petites frappes telles que Barjow n'existaient pas.

L'Auror s'amusa encore quelques secondes de l'air énervé que prenait Harry, se demandant tout de même s'il n'exagérait pas son irritation. Pourquoi se mordait-il la lèvre ainsi? Il haïssait ses méthodes - peu orthodoxes, sans doute - à ce point? Pauvre Harry, il allait bien s'amuser au cours de cette pseudo mission en sa compagnie... Mais Aaron n'oubliait pas que le jeune homme tellement agacé en face de lui, qui préférait se détourner plutôt que d'affronter son marchandage avec Barjow était aussi celui qui allait dire aux autres membres de l'Ordre du Phénix ce qu'il valait en tant que mentor. Ne pas le brusquer était donc capital s'il désirait réellement sa place au sein des combattants du 12, Square Grimmaurd... Umpfff.

Aaron se tourna vers Barjow en abaissant légèrement sa bourse, laissant un sourire peu naturel courir sur ses lèvres. Il fit mine de réfléchir, quelques instants, se décalant légèrement du petit mage noir tant sa proximité le répugnait.

- " Hummm, il n'a peut-être pas tort, pas vrai Barj'?" fit soudain Aaron, d'une voix mielleuse qui ne lui allait pas du tout. "Enfin, il n'aurait pas tort si tu n'avais pas déjà payé les nombreux agents venus inspecter ta boutique et si tu ne connaissais pas un gardien à Azkaban..."

Barjow se figea, et détourna son regard scrutateur de Harry pour le ficher sur le visage sec de l'Auror. L'air mauvais, il retroussa légèrement sa lèvre supérieure, sans voir que ce geste risible ne servait à rien face à un homme qui faisait deux têtes de plus que lui et dont les prunelles délavées le fixaient avec tout aussi peu d'aménité. Aaron attendait, son rictus se transformant en moue dédaigneuse, secouant un peu sa bourse pour que le bruit tintant des pièces qui s'entrechoquaient attirent l'avarice du petit être sale. Barjow frémit, semblant s'éveiller d'un long cauchemar, et il retrouva un sourire à faire peur, découvrant d'horribles dents jaunâtres et mal plantées. Evidemment, qu'il corrompait les hommes du Ministère, évidemment que ce même Ministère connaissait tout des activités ignobles de Barjow et Beurk... Mais c'était ainsi, on le laissait faire parce qu'on avait malheureusement besoin de ses oreilles d'espion et de comère.

- " Certes, certes..." geignit Barjow sans rien ajouter.

Aaron hocha la tête de satisfaction, sur un petit soupir désabusé. Il n'aurait su dire ce qu'il l'envahissait le plus vite sur le moment: le dégoût ou l'amusement; Barjow cumulant allégrement les deux dans sa façon de faire.

- " Mais enfin, t'avoueras que c'est vrai, hein?" reprit Aaron en reniflant d'un air faussement hautain. "Pourquoi payer un rat comme toi alors qu'on pourrait te tuer sur la seconde? Et que personne, soit dit en passant, ne verrait rien à y redire? Tu as beaucoup d'ennemis, Barjow, même dans ton propre camp, alors laisse moi te dire que ce ne sont pas les quatre glandus qui te payent une fois l'an qui iront pleurer sur ton cadavre puant..."

La bouche pâteuse d'avoir tant parlé - pour Aaron, c'était énorme de tenir une telle conversation - il regretta d'avoir une envie de boire qui remontait lentement en lui, sourdement. Se raclant la gorge pour donner le change, l'Auror laissa son sourire devenir rictus, un peu crispé, et il fourra sans douceur sa bourse dans sa poche. Barjow semblait à la fois surpris et furieux, balançant de nouveau son regard sombre entre lui et Harry.

- " Alors tu sais ce qu'on va faire? Tu nous dis tout, maintenant, et on voit après ce que ça vaut... Si ça vaut ta vie, ou pas."

Le mage noir paraissait assez apeuré, maintenant, comme s'il n'avait jamais cru que deux Aurors intègres puissent en arriver là. Certes, Harry ne serait pas prêt à assassinner cet homme, mais Aaron ne le savait pas. Et lui d'ailleurs, il en aurait été capable. Un déchet de plus ou de moins sur cette vaste Terre, qu'est-ce que ça pouvait bien changer?

L'Auror tourna ses yeux morts vers Harry, feintant l'hilarité, et lui lança:

- " Harry, montre lui au moins qu'on plaisante pas, dis lui ce qu'on fera quand... Harry?"

Non, mais qu'est-ce qu'il avait, là? Il nous faisait une petite crise?? Maintenant??

Harry entendait à peine ce que disait Aaron. C'était à se demander s'il n'était pas maudit. En général le Gryffondor sentait cette douleur lorsque Voldemort était en colère ou très heureux..Ou encore, et plus inquiétant encore, que des mangemorts rôdaient dans le coin et que leur marque des Ténèbres avaient été "activée" par un appel de leur maître. En ce moment le plus inquiétant serait la seconde optique. Un fidèle du Lord dans les parages serait un très mauvais présage pour les deux Aurors. Le jeune sorcier capta le regard délavé de son aîné. Visiblement il rebondissait sur ses menaces mais tout en s'intéressant à Barjow, il gardait un oeil septique sur Harry. Ce dernier faisait de son mieux pour suivre la conversation et priait en vain pour que la douleur s'éteigne; ce qui n'était jamais arrivé donc...

- " Harry, montre lui au moins qu'on plaisante pas, dis lui ce qu'on fera quand... Harry?"

Rah mince, on l'appelait. Le Survivant tourna ses yeux fiévreux vers Aaron en le fixant de son mieux, les paupière à plissées. Cependant il saisit la feinte d'Aaron qui prenait exprès un air d'hilarité démente. Cependant le Gryffondor ne voyait pas quoi faire pour faire ce que son aîné avait dit...Il n'allait pas faire mine de jeter un Avada Kedavra quand même ? Ou lancer un Doloris...Non la douleur de plus en plus lancinante devait le faire délirer n'est-ce pas ?
Jamais Aaron ne cautionnerait ça hein ? Harry regarda Barjow droit dans les yeux; une idée lui vint soudain à l'esprit. Elle pourrait expliquer l'inflammation de sa cicatrice. Le Survivant se concentra pour dire ces derniers mots sensés

-Tu...Il nous a donné ! Il a prévenu les mangemorts...Je ne sais pas comment mais il connaissait notre identité d'avance et il...Il voulait se presser pour qu'on le paie avant...deux pierres d'un coup...

Le Gryffondor ne put retenir un cri lorsqu'un pic de souffrance l'attaqua brutalement comme si l'on apposait un fer sur sa cicatrice. Il se retint au mur . Malgré son habitude face à la douleur il ne pouvait pas s'y faire, c'était intenable au point que c'était certain...Le danger était tout prêt. La marque des Ténèbres avait été enclenchée...Harry s'approcha de Barjow, prit d'une inspiration subite -comme quoi les mals de tête, ça éclaire parfois et lui attrapa le bras violemment, retroussant la manche si fortement que le tissus craqua et gémit, sur le point de se déchirer. Effectivement l'endroit que frottait l'homme quelques instants plus tôt comme signification de gêne était marqué d'un tatouage sombre trop bien connu.

-Ils...vont arriver...

Harry se laissa aller contre le mur, heureusement l'appel ne durait pas et à l'instant où le bras de Barjow cessa de le picoter après qu'il eut activé la marque, la cicatrice du Survivant cessa de le brûler peu à peu. La douleur restait encore là mais diminuait peu à peu jusqu'à devenir supportable puis inexistante, enfin...Barjow surprit regardait Harry sans comprendre. Les Aurors n'étaient pas sensés être au courant de l'arrivée des deux mangemorts envoyés. Le Survivant avait eu cette étrange crise de...de quoi d'ailleurs ? Et puis les voilà déjà au courant ?

Harry se son côté sortit sa baguette. Bien sûr le jeune homme avait peur...Comme il craignait le Lord mais il fallait bien faire face n'est-ce pas ? Il se demanda si ce serait Bellatrix...Pourvu que non ! Avoir reçu ses endoloris dans la figure lui avait suffit. Un instant l'ex-Gryffondor pensa que Voldemort serait avec eux...Mais non ce serait complètement stupide voyons, en plus sa cicatrice aurait continué e de lui faire mal...Le jeune sorcier se tourna vers Barjow en attendant.

-Stupefix

Sort tout simple mais ô combien merveilleux. Le petit homme gras étant un informateur et "mangemort" depuis peu sans doute n'était pas fait pour le combat. Surtout que les Aurors avaient eu présentement le bénéfice de la surprise, aucun mérite donc pour l'arrêt de Barjow qui tomba raide...Par contre ceux dont les pas se faisaient désormais entendre...ce n'était pas gagné

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